Au Chevalier infidele
Jadis tu me pressais dans tes bras avec larmes,
Jadis tu reposais ton front sur mes genoux,
Jadis tes jours coulaient pres de moi pleins de charmes,
Jadis tu m’appelais d’un nom qui m’etait doux,
Et puis tu me jurais d’etre a moi pour jamais…
Avais-je donc si tort, reponds-moi, mon doux maitre,
Avais-je tort de croire, helas! Que tu m’aimais ?
J’eus trop de confiance, et je fuis abusee.
Je crus en ta paroleet te donnai ma foi
Mais tu fus bien atroce pour la pauvre insensee ;
Maintenant je suis seule, et tu fuis loin de moi.
Je suis punie, o, Dieu! J’ai merite de l’etre.
Pourtant, lorsqu’a mes pieds tu priais et pleurais,
Avais-je donc si tort, reponds-moi, mon doux maitre
Avais-je tort de croire, helas! Que tu m’aimais ?
Vous etiez jeune et beau, vous etiez noble et brave.
Bien des cœurs apres vous soupiraient en secret.
Mais vous les dedaigniez, vous etiez mon esclave,
Et vous n’ecoutiez point leur plainte et leur regret.
Je crus en ton serment comme en la voix d’un pretre
J’avais vingt ans, j’etais naive, et tu charmais…
Avais-je donc si tort, reponds-moi, mon doux maitre
Avais-je tort de croire, helas! Que tu m’aimais ?